Prolégomènes à la Méthode

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Description générale :

Lors de son séjour à la prison Laalou à Rabat (1983-1985), l’Imam écrivit à la lumière de la bougie 3 livres : « Prolégomènes à la Méthode », « L’Islam et le nationalisme laïc » et « L’Islam et le défi Marxiste-Léniniste », où il traite plus en profondeur son projet méthodique entamé avant son emprisonnement. Il s’agit à l’origine d’un seul ouvrage portant le titre de « Foncer sur les sommets » et qui fut achevé le 19 mai 1985. « Les Prolégomènes à la Méthode » (86 pages) parurent en 1989. Une première édition bientôt suivie par d’autres.

Thématiques :

L’Imam consacre cet ouvrage aux notions fondatrices de sa pensée et de son projet. Partant de l’importance de la notion et du système notionnel, il les exposa à ses lecteurs pour assurer une communication optimale avec eux. Ces notions véhiculant les contenus porteurs de son projet éducatif, intellectuel et politique, il s’est employé à en dresser une passerelle notionnelle qui rende ce dernier abordable. L’auteur a titré le premier chapitre par le concept « Notion » et y a défini 3 notions de base de sa théorie : « Foncer sur les sommets », « La clémence et la sagesse » et « L’appel à la réceptivité ». Le deuxième chapitre est consacré à la « Méthode » et le troisième à celle consistant à « Foncer sur les sommets vers Dieu ».

Concernant la finalité de son ouvrage, il rappelle que :« Nos défunts imams introduisaient leurs écrits pas des paragraphes explicatifs de leurs visées et de leur terminologie pour que leur lecture soit édifiante (…) Je crois, moi, pauvre créature de Dieu, que je ne peux être compris par mes chers lecteurs si je ne leur expose pas les notions fondamentales composant la trame de fond du contenu méthodique que je veux leur transmettre. D’abord, celle de « Foncer sur les sommets » extraite de la sourate « La Cité ». « Foncer sur les sommets » consiste donc en un acte volontaire entravé par l’obstacle que l’on essaie de dépasser en le franchissant, acte de l’individu croyant dans son cheminement vers Dieu, de la communauté combattante dans sa dynamique de changement et de la nation dans sa marche historique. »[1].

L’Imam était pleinement conscient que le défi pour les penseurs islamistes en matière de communication scientifique et intellectuelle, est d’abord de « présenter une vision claire du présent fluctuant qui ne se prête pas facilement au changement puis leur capacité à présenter une vision claire des objectifs de l’Islam dans tous les secteurs sociaux, économiques, politiques et civilisationnels. Enfin et surtout leur capacité à libérer la notion de l’emprise des oppresseurs et l’émanciper du joug des idéologies qui justifient le présent et promettent un avenir autre que celui du Califat promis »[2].

L’Imam met aussi l’accent sur les maux de la résignation et de la démission et souligne leurs causes subjectives et objectives empêchant l’émancipation, l’édification et l’indépendance, à savoir :

  • Les égoïsmes qui empêchent l’individu de suivre la voie droite et que représentent les pulsions, les biens matériels, les statuts sociaux ou professionnels, etc.
  • Les mentalités contraires au bon sens comme la superstition, le fatalisme, l’ignorance, la manipulation idéologique, etc.
  • Les habitudes consistant à s’accrocher au confort, à la résignation héritée des aïeuls…

Une fois ces trois maux ancrés dans les âmes, ces dernières seront enclines à s’abstenir de foncer sur les obstacles, perdant leur liberté et cette notion se trouvera réduite à une entité faible et disloquée. « Aussi longtemps que ces maux pèsent de leur poids sur les cœurs, occupent les esprits et s’imposent à la réalité, l’Homme ne peut que vivre la liberté des pusillanimes, se contentant de la sécurité humiliante des sujets passifs. Avec les mentalités abruties, les égoïsmes isolationnistes et les habitudes accumulées, l’être humain ne peut que se contenter d’une existence similaire à celle de la matière inerte et de la bête domestique, subissant l’action des autres. Il est à la charge de l’Etat qui en prend soin ou qui lui offre des promesses et lui chantonne des hymnes nationaux. Une simple marchandise et non un homme libre et actif »[3].

Extrait du livre : « Sur les écrits de l’Imam Abdessalam YASSINE », traduit de l’arabe par : Jaouad MUFTISADA


[1] Abdessalam Yassine, Prolégomènes à la Méthode, Dar Liban, 2018, p 12.
[2] Idem, p 21.
[3] Ibidem, p 48.

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