Le bel agir dans le Coran et la Sunna

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Le bel agir dans le Coran

Le bel agir est l’un des principes islamiques majeurs. Plus de 66 versets du Coran lui sont consacrés. Pour être tout à fait exact, le Coran tout entier est un appel au bel agir, cette manière d’exceller dans toutes ses actions et de multiplier les actes de charité, de bienfaisance et d’adoration.

« Dieu ! Point de divinité que Lui ! Il possède les noms les plus beaux (Al Housna) ».[1]

« …Qui a fait avec excellence et perfection, beauté et bonté (ahssana) ce qu’Il a créé ».[2]

« Et faites le meilleur (Al Ihsan). Car Dieu aime ceux qui œuvrent avec excellence (Mouhsinins) ».[3]

« Non, mais quiconque soumet à Dieu son être tout en étant bienfaisant (mouhsin), aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour ceux-là il n’y a nulle crainte, et ils ne seront point attristés ».[4]

« Certes Dieu commande l’équité, la bienfaisance (Al-Ihsân) et l’assistance aux proches. Et il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et l’injustice. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez ».[5]

« Adorez Dieu et ne Lui donnez point d’associé. Agissez avec bienfaisance (Ihsân) envers vos père et mère, envers les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession car Dieu n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant ».[6]

Le bel agir dans la Sunna du Prophète (paix et salut à lui)

Le mot Ihsan apparaît notamment dans une parole prophétique connue sous le nom de « hadith jibril » car le personnage central qui a transmis ce hadith n’est autre que l’Archange Jibril (Gabriel). Ce fameux hadith qui fait partie des hadiths phares- et qui est, à lui seul, une somme de science-, nous enseigne la portée spirituelle et temporelle du mot Ihsan. Ce hadith est une définition prophétique du « din », l’ensemble du message divin. Dans cette tradition prophétique, l’Archange Jibril demande au Prophète (paix et salut à lui) la signification de l’Ihsan. Le Prophète (paix et salut à lui) lui répond en ces termes : « Al Ihsan c’est que tu adores Dieu comme si tu Le voyais, mais si tu ne Le vois pas alors saches que Lui te voit ».[7] L’imam An-Nawawi[8] dit en commentant ce hadith : « Le sens de l’adoration ici englobe toute forme d’obéissance à Dieu ». Si l’adoration touche tous les domaines et toutes les actions nous pouvons aisément en déduire que le bel agir (Al Ihsan) concerne toutes les actions de notre vie. Toute chose peut être accomplie avec Ihsan. Une autre variante de la partie de ce hadith que l’imam Moslim[9] nous rapporte : « Al Ihsan c’est que tu craignes ton Seigneur comme si tu Le voyais mais si tu ne Le vois pas Lui certes te voit »[10].

Les enseignements de l’Archange Jibril

Omar ibn al-Khattab a dit : « Un jour, nous étions assis chez l’Envoyé de Dieu (paix et salut à lui) et voici que se présenta à nous un homme vêtu d’habits d’une blancheur resplendissante, et aux cheveux très noirs. On ne pouvait distinguer sur lui une trace de voyage, alors que personne d’entre nous ne le connaissait. Il prit alors place, en face du Prophète (paix et salut à lui). Il plaça ses genoux contre les siens, et posa les paumes de ses mains sur ses cuisses, et lui dit :

  • « Ô Mohammed, informe-moi sur l’Islam », l’Envoyé de Dieu (paix et salut à lui) dit alors :
  • « L’Islam consiste en ce que tu dois : témoigner qu`il n’est d’autre divinité que Dieu, et que Mohammed est Son Envoyé, accomplir la prière rituelle, verser la taxe sociale purificatrice (Zakât) et accomplir le jeûne de Ramadan, ainsi que le pèlerinage à la Maison de Dieu si les conditions de voyage rendent la chose possible. »
  • L’étranger lui répondit : « Tu as dit vrai », et nous de nous étonner, tant de sa question que de son approbation, puis, il reprit « Informe moi sur la Foi ». – Le Prophète (paix et salut à lui) répliqua : « La Foi consiste en ce que tu dois croire en Dieu, à Ses Anges, à Ses Livres, à Ses Prophètes, au Jugement Dernier. Tu dois croire encore à la prédestination touchant le bien et le mal. » – L’homme lui dit encore : « Tu as dit vrai » et il reprit : « Informe-moi sur al Ihsan », et le Prophète lui répondit :
  • « Al Ihsan consiste à adorer Dieu, comme si tu Le voyais, car si tu ne Le vois pas, certes Lui te voit. »
  • L`homme lui dit encore : « Informe-moi sur l’Heure (la fin du monde) », et le Prophète lui répondit :
  • « Sur l’heure du jugement, l’interrogé n’est pas plus savant que celui qui le questionne. »
  • Là-dessus, l’homme lui dit : « Informe-moi sur les signes précurseurs », et le Prophète lui répondit :
  • « Quand la femme donnera naissance à sa propre maîtresse, et quand tu verras les va-nu-pieds, les déguenillés et les gueux, gardiens de bêtes, rivaliser dans l’élévation des constructions. »

Là-dessus, l’homme partit. Je demeurai là longtemps, puis le Prophète dit :

  • « Ô Omar, sais-tu qui m’a interrogé ? »
  • « Non », répondis-je ! « Dieu et Son Envoyé le savent mieux que moi »
  • « C’est Jibrîl (Gabriel) qui est venu à vous pour vous enseigner votre religion. »[11]

 « Il est venu vous apprendre votre religion » (Din), la conclusion de ce merveilleux enseignement prophétique est en fait le premier pas dans la compréhension d’un long processus spirituel qui consiste à aborder l’Islam dans sa totalité, à travers un cheminement guidé par les maîtres de cette voie, les médecins des cœurs, les héritiers du Prophète (paix et salut à lui).

Les Savants parlent du bel agir

Les savants ont, chacun selon sa propre formulation, essayé de donner une certaine définition de ce concept coranique et prophétique. Certains savants de la spiritualité ont qualifié al Ihsan d’état spirituel où l’examen de conscience atteint son paroxysme. L’adorateur présentifie l’observation divine pour chacun de ses actes et pour chacune de ses pensées. L’Imam Attabari[12] dit : « Un des sens du bel agir : c’est que notre état intérieur soit meilleur que notre état apparent ». L’Imam Al Boukhârî[13] dit : « et parmi les dimensions du bel agir : c’est de pardonner à celui qui vous a causé un tort ». Pour Ibn Al Athir[14]: « adorer Dieu avec Ihsan signifie ressentir profondément l’observation Divine de nos actes et le perfectionnement de notre culte, car celui qui se sent observé par Dieu, perfectionnera inévitablement chacun de ses actes ». L’imam al Manawi[15] en commentant la partie du hadith suivante : « Comme si tu Le voyais » : estime : « C’est que tu te comportes avec Dieu dans ton adoration comme si tu L’observais. Il a par cette formulation ainsi réuni le fait de se maîtriser et d’être vrai en toute circonstance et pour chaque acte ».

Toutes ces définitions sont heureuses, se complètent et illustrent une ou plusieurs manifestations de l’Ihsan.

Extrait du Livre « Introduction à la spiritualité », pages 16-20.


[1] Taha 7
[2] La prosternation 7
[3] La Vache 190
[4] La Vache 112
[5] Les Abeilles 90
[6] Les Femmes
[7] Rapporté par Boukhârî et Moslim
[8] An-Nawawi : Il naquit en 631 A.H. dans le village de Nawâ en Syrie. Il mourut au cours du mois de Rajab, en l’an 676 A.H.
[9] Abû Al-Husayn Moslim Ibn Al-Hajjâj Ibn Moslim Al-Qushayrî An-Naysâbûrî: il serait né en 204 A.H., selon d’autres, sa naissance fut en 206 A.H. et mort en 261 H.
[10] Moslim
[11] Moslim
[12] Attabari : Muhammad ben Jarîr ben Yazîd al-Imâm abû Ja`far at-Tabarî est né en 839 au Tabaristan en Iran, ce qui lui vaut son surnom de at-Tabarî. Il est un des plus précoces et des plus célèbres historiens et exégètes perses du Coran.Il a passé l’essentiel de sa vie à Bagdad, écrivant tous ses ouvrages en arabe.
[13] Mohammed al-Boukhârî : célèbre érudit musulman. Son nom complet est Abou ‘Abdillah Mouhammad ibn Isma’il ibn Ibrahim ibn al Moughira. l’Imam Al Boukhârî est natif de la ville de Boukhara en Ouzbékistan. L’imam Al-Boukhârî naquit le 13e jour du mois de Chawwâl en l’année 194 de l’Hégire (20 juillet 810) à Boukhara, dans la province perse de Khorassan. Il mourut le premier jour du mois de Chawwâl en l’année 256 de l’Hégire (870) et fut enterré à Khartank, un village près de Samarkand.
[14] Abu al-Hasan Ali ‘izz al-Din ibn al-Athir: historien (né en 1160 à Cizre, mort en 1233 à Mossoul). Son œuvre principale est Al-Kamil fi al-Tarikh (La Perfection des histoires, considérée comme l’un des plus importants livres d’histoire du monde musulman.
[15] Al Manawi : né en 952 H – mort en 1031 H

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