Les différents sens du Bel-Agir

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Les trois sphères du bel agir

D’après Le Saint Coran et la Sunna, le terme Ihsan a trois significations :

1. L’Ihsan par le fait d’adorer Dieu comme si on le voyait

2. L’Ihsan envers les autres, tels que les parents, les proches, les orphelins, les pauvres, les démunis ainsi qu’envers tout le reste de la création.

3. L’Ihsan dans l’œuvre en la perfectionnant, en la maîtrisant qu’elle soit d’ordre cultuel ou autre.

Ces trois sens de l’Ihsan réunis, nous donnent la description du croyant pieux et pur tant sur le plan intérieur, sur le plan du comportement que sur le plan relationnel. Nous avons ainsi le modèle du croyant dans sa relation avec Dieu, les gens et la création. Sa relation avec son Seigneur sera Ihsanique s’il est assidu dans la présence spirituelle du souvenir (Dikhr) de son Créateur, si la crainte protectrice pieuse (taqwa) de Dieu, l’espoir en Dieu (raj’a), l’invocation (Dou’a) de Dieu l’accompagnent au quotidien. Cette attitude intime spirituelle d’Ihsan dans la relation avec Dieu parfait le cœur de ce croyant et le pare des plus nobles vertus, son intention et ses actes se purifient ; il devient ainsi une miséricorde pour les créatures. Il est un bienfait pour ses proches et ses moins proches, il devient un bienfait pour sa société et pour l’ensemble des gens. Il ne s’arrête pas seulement au niveau de la bonne intention et de l’empressement à œuvrer mais en premier lieu à son expérience, ses capacités dans le perfectionnement de la tâche qui lui est assignée.

L’Envoyé de Dieu (paix et salut à lui) dit dans un hadith rapporté par Aïcha la mère des croyants : « Dieu aime quand l’un d’entre vous agit bellement »[1]. Il dit également (paix et salut à lui) dans un hadith rapporté par Moslim : « Dieu a prescrit le bel agir dans toute chose »[2]. La somme de ces deux paroles prophétiques nous donne la troisième dimension et signification du bel agir. L’Amour de Dieu embrasse et enveloppe les adeptes du bel agir. Celui qui bénéficie de la plus large part de cet Amour est celui qui l’aura adoré en rassemblant ces trois dimensions de présence à Dieu, de présence aux créatures de Dieu et de perfectionnement dans ces présences.

Le bel agir dans l’adoration

Au niveau des pratiques cultuelles : telle que la prière, le jeûne, le pèlerinage, la taxe sociale purificatrice (zâkat) ou autres, le bel agir consiste à bien les accomplir avec exactitude et respect strict des règles obligatoires et surérogatoires. Ces actes doivent être impulsés par l’intention la plus pure et la plus noble. Ils doivent également être sur la Voie du Prophète (paix et salut à lui). On ne peut s’en acquitter d’une façon favorable que si on est pénétré du sentiment profond que Dieu contrôle tout acte et que rien ne Lui échappe. Dans ce cas, on réalise parfaitement ce que l’on fait. C’est ce que vise le Prophète (paix et salut à lui) quand il dit « Adore Dieu comme si tu Le voyais car si tu ne Le vois pas, Lui, Il te voit ».[3]

La dimension sociale du bel agir

Les parents sont les premières personnes de la société envers lesquelles le bel agir de tout croyant doit s’exprimer. Dans ces rapports sociaux et familiaux avant tout, le bel agir se manifeste avec les parents de la manière la plus noble et la plus profonde. Il s’agit de se conduire excellemment envers eux en leur obéissant sympathiquement. L’enfant vertueux leur prodigue toutes sortes de bien, les préserve de tout mal, invoque Dieu pour eux, il accomplit les engagements envers eux et traite avec égard leurs amis. Le croyant agit ainsi envers ses parents par désir de plaire à Son Seigneur quel que soit en contrepartie, le comportement de ses parents envers lui.

C’est par un processus spirituel de vases communiquant que le croyant agit envers tout le reste de la société. La famille proche, le voisin, l’orphelin, l’indigent, l’opprimé et les autres créatures, tous bénéficient de la lumière de miséricorde qui irradie par le parfait comportement du croyant bienfaisant et bien agissant. Le croyant à son tour puise sa lumière dans la relation d’Amour avec Son créateur en qui il place sa confiance sans jamais se reposer sur l’œuvre elle-même. Le Prophète (paix et salut à lui) dit à ce titre :

« Rapprochez-vous du bel agir, rectifiez continuellement votre conduite et sachez que nul d’entre vous ne devra son salut à ses seules œuvres. On lui dit : pas même toi, ô Messager de Dieu ? Il dit : pas même moi, à moins que Dieu ne me couvre du voile de Sa Miséricorde et de Sa Générosité. »[4]

La bonne compagnie et le bel agir

L’exigence prophétique dans le perfectionnement de l’œuvre et de l’action vise à concrétiser la lieutenance (Khilafa) du croyant sur terre. En effet, la dimension de la perfection dans la relation à Dieu à travers les adorations rituelles reste incomplète pour réaliser la finalité de cette lieutenance sans la maîtrise et le perfectionnement des moyens, des actions et des œuvres de la vie sur terre. Le bel agir est une vertu essentielle dans la vie du croyant. Elle le façonne dès ses premiers pas dans le giron de la compagnie des vertueux. En compagnie de ces adeptes du bel agir, le croyant apprend à perfectionner les œuvres de la vie car toute action et toute œuvre qui émane d’un cœur qui recherche l’agrément de Dieu est considérée comme une adoration. Cette adoration au fil du temps et au fil du cheminement englobe et embrasse toutes les activités de la vie d’un être humain. Le verset suivant s’inscrit comme un phare qui illumine la compréhension du concept d’adoration dans l’esprit du croyant : « Dis : «En vérité, ma prière (Salât), mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu, Seigneur de l’Univers. A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre.» »[5]La finalité du bel agir est une finalité éducative. Mais elle ne vise pas seulement l’éducation pour l’éducation. C’est un moyen pour gravir les degrés du perfectionnement dans toutes ses dimensions, perfectionnement sans lequel toute communauté est vouée à demeurer dans les entrailles de la décadence spirituelle, sociale, économique et politique. « Et tu verras les montagnes – tu les crois figées – alors qu’elles passent comme des nuages. Telle est l’œuvre de Dieu qui a tout façonné à la perfection. Il est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites »[6] !

La voie royale

L’être humain a besoin de modèles et d’exemples à imiter pour se construire intellectuellement, socialement et spirituellement. Le modèle vivant est celui qui est le plus pédagogique et le plus profitable. Nous reviendrons sur l’importance fondamentale du compagnon et guide spirituel vers la connaissance de Dieu. C’est la voie royale du cheminement. C’est la règle divine dans la transmission du savoir, de la connaissance, de l’éducation et du cheminement spirituel. Sans la bonne compagnie, le chemin vers les sphères du bel agir (al Ihsan) reste improbable. Le Message divin à travers le hadith Jibril nous enseigne la règle immuable dans la transmission de la connaissance de Dieu, une transmission qui passe d’un connaissant vers un cheminant, avec amour, bienséance, pédagogie et au sein d’une communauté organisée, disposée à recevoir la lumière de la Révélation. « C’est l’Archange Jibril qui est venu vous enseigner votre din » telles furent les paroles du Prophète (paix et salut à lui) pour couronner un dialogue riche d’enseignements entre Lui et L’Ange le plus rapproché et le plus connaissant de Dieu. « Quand au sujet du Miséricordieux, interroge un expert »[7]. Cette sunna, règle divine immuable sur terre, dans la transmission de la Foi, de l’Amour et de la Lumière de la connaissance de Dieu reste et restera la voie royale pour accéder aux hautes sphères du cheminement spirituel.

Extrait du Livre « Introduction à la spiritualité », pages 13-16.


[1] Les branches de la Foi Al Bayhaqi
[2] Moslim
[3] Boukhârî
[4] Moslim
[5] Les bestiaux 162-163
[6] Les Fourmis 88
[7] Le discernement verset 29

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