La Révolution à l’Heure de l’Islam

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Dans ce livre « La Révolution à l’Heure de l’Islam » publié en 1979, Abdessalam Yassine traite en détails les composants de base du modèle idéal de la société fraternelle que le Prophète avait bâti et qui commença à vaciller 40 ans après son décès, dès l’avènement de la dynastie omeyyade et la fin du khalifat.

Tout d’abord, il évoque la question fondamentale du renouveau de l’Islam en faisant référence aux propos du Messager de Dieu sur la question.  Il fait du renouveau de la foi dans les cœurs le premier incitateur au bel agir, la pierre angulaire de tout projet de renouveau de l’Islam communautaire.

Pour lui, il faut faire la distinction entre le concept de Jahiliya et celui de la Fitna. Le premier caractérisant les sociétés régies par le double dogme de l’ignorance du Créateur et de la violance comme instrument pour faire valoir ses droits aux dépend des adversaires.  La Fitna, quant à elle, caractérise les sociétés musulmanes qui pataugent  dans un état de confusion totale où la visibilité est quasiment nulle. L’’attitude à adopter vis-à-vis de chacune des deux varie fortement, la violence étant exclu des deux cas. La nature des changements à prôner varie pour chacune des deux réalités.

Une autre dichotomie est clarifiée par l’auteur qui, en fait, distingue entre la révolution Jahiliyenne et la révolution islamique. La première est une lutte par la violence dans le seul but de prendre le pouvoir pour changer les structures. La deuxième est un combat éducatif et politique pour changer les rapports de l’Homme à Dieu et à ses semblables. Pour lui le processus révolutionnaire entamé par le prophète et dont le résultat fut cette génération unique de compagnons qui a changé le monde est à caractère éducatif évolutionnaire.  

Cette évolution se fait donc en connaissance de cause et est dynamisée par la promesse divine qu’Il fera triompher la cause de ceux qui adhérent à Sa cause. Une promesse désignée par la parole coranique, comme par la révélation du Messager de Dieu qu’après l’arbitraire des deux règnes survenus dans l’histoire musulmane : Celui de la monarchie héréditaire puis celui de la dictature, un retour vers la Khilafa – entendu comme âme et esprit de la gouvernance islamique, se fera.

De ce fait, un effort colossal et soutenu est requis des combattants de Dieu. Il s’agit pour eux de faire preuve d’une endurance indéfectible pour s’émanciper et libérer l’humanité du joug du matérialisme arrogant ; une Humanité malheureuse qui fonce tête baissée vers le suicide collectif. Une œuvre transformationnelle selon la méthode prophétique qui prend les combattants pour la cause divine par leur cœurs et les fait s’acheminer dans un parcours ascendant devant les amener à la qualification spirituelle et intellectuelle pour ce faire.

Abdessalam Yassine fait se composer cette méthode prophétique de dix vertus qui, à son sens,  constituent la trame de fond de la personnalité individuelle et sociale des croyants. Soixante-dix-neuf qualités de sentir, de penser et d’agir doivent  composer la substance essentielle de ces dix vertus.

Et il désigne par ces dix vertus celles consistant à : 1.   Aimer et vivre en communauté 2. Etre présent à Dieu 3. Être vrai ; 4 Donner ; 5. Savoir ; 6. Faire bonne œuvre, 7. Témoigner pour Dieu ; 8. Se maîtriser ; 9. Cheminer et  10. Combattre.

Et l’auteur de placer son projet de société inspiré du modèle prophétique et advenue à l’ère de Médine dans le contexte de l’errance civilisationnelle et spirituelle de l’Homme contemporain acquis tout azimut au crédo moderniste.

Sans prôner un alarmisme infondé, Abdessalam Yassine condamne aux côtés d’autres voix d’occidents et d’orient s’élevant contre l’imposture matérialiste, cette pensée unique qu’on s’efforce d’imposer à l’humanité entière comme seule voie vers le progrès.

Il expose le modèle de la méthode inspirée par Dieu à Son dernier Messager pour changer l’être Humain.  Le changement a pour finalité de lui faire intégrer sa nature authentique : celle consistant à œuvrer pour le bien de toute l’humanité afin d’adorer son Créateur.  Et c’est là effectivement que l’agent de changement aura mérité son titre de vicaire de Dieu, contrairement aux versions prônées au long des siècles par les usurpateurs de ce titre dont ils ont manipulé la portée pour le soumettre à leurs bons vouloirs.

La révolution iranienne marque pour lui un début. Loin d’être un modèle, son pacifisme flagrant, malgré les atrocités qu’on ne cesse de lui prêter, en a fait un précédent dans l’histoire musulmane moderne. Il n’en demeure pas moins que les soldats de Dieu sont appelés à suivre l’exemple du Prophète et de ses compagnons seule modèle à adopter pour le changement espéré de l’homme.

Un rappel qui concerne aussi et surtout la manière à adopter pour faire avérer cette finalité. La violence n’a et ne peut jamais transformer par le fond la réalité humaine. Le modèle prophétique proposé et advenu dans la société de Médine à l’ère du Messager de Dieu et de ses califes reste l’exemple à suivre. Ses valeurs resteront toujours les repères d’une société fraternelle aux fondements humains authentiques.

Extrait du livre : « Sur les écrits de l’Imam Abdessalam YASSINE », traduit de l’arabe par : Jaouad MUFTISADA

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