Dialogue avec l’élite occidentalisée

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Conférence donnée à Rabat le 27 juin 1980 et dans laquelle Abdessalam Yassine dresse un bilan succinct de la réalité du Maroc comme dans du reste des pays musulmans et propose aux élites dites «occidentalisées » l’alternative qu’il envisage. 

 Un nouveau siècle de l’hégire (Le 15ème) démarre en 1980 au rythme de bouleversements successifs dans le monde musulman. D’abord, la révolution islamique en Iran qui a renversé le Chah considéré par les États-Unis comme leur premier allié et gendarme dans la région. Une révolution qualifiée par le conférencier de «Pacifiste » puisque les manifestants affrontèrent l’appareil répressif du Chah par leurs poitrines nues.

Une révolution qui a démontré aux tenants de l’idéologie qui prône la violence seule pour faire aboutir l’état de droit et d’égalité que l’option pacifiste est bien plus efficace, sinon la seule apte à  le faire. Une révolution enfin qui marque un grand pas en avant pour le  clan des damnés de la terre dans la voie de leur émancipation du joug de leurs persécuteurs.

Mais ce début de siècle fut aussi témoin de l’invasion  de l’Afghanistan par l’armée soviétique .Le « Grand Frère Soviétique » n’a pas hésité à occuper par la force un pays  voisin pour défendre son dictateur allié contre son peuple. Une offensive qui mit à mal les positions de nos élites marxistes – léninistes et dévoila le véritable visage du bon camarade progressiste soucieux avant tout, s’il le  faut, de consolider  et de défendre son empire par le feu et le sang.

Partant, Abdessalam YASSINE tire le constat d’échec des deux  options proposées alors par l’occident arrogant et auto-suffisant et découlant toutes deux d’un matérialisme aveugle sans foi ni loi autre que celle du plus fort : Une assimilation de la progression par une lutte de classe sans merci à la marche vers une société d’égalitarisme total. Et une autre faisant du modernisme son credo en prêchant une foi absolue dans les valeurs du marché, mondialisé et mondialisateur.

Un constat désabusé qui lui fait conclure à  l’imminence d’une troisième voie où « la société sans classe est concevable et réalisable selon la méthode islamique », une société fraternelle fondée par un corps de combattants acquis à Dieu et non à l’utopie.

Abdessalam Yassine appelle  donc à une œuvre de réviviscence islamique qui doit passer par l’émancipation de l’être avant celle de l’économie ou de la politique. Il s’agit en fait d’une alternative offerte à l’humanité entière dominée qu’elle est par la civilisation des choses qui la pousse au bord du suicide planétaire.

Enfin, notre auteur rappelle à ses auditeurs les dures réalités qui se profilent à l’horizon pour le Maroc comme pour le monde entier. Il invite les classes politiques et les élites occidentales à reconsidérer les thèses proposées par le projet de société qu’il n’a cessé d’exposer avec ferveur : Celui de la société de fraternité qui ramperait avec le dogme de la violence prédominante. Il est temps pour lui de rompre avec le mode de penser et de sentir des autres.  Une rupture qui devrait se faire dans le contexte du retour vers le Créateur de l’univers et la réintégration de l’innéité originelle de l’Être Humain dilapidée par la raison occidentale, nouvelle divinité autoproclamée.

Extrait du livre : « Sur les écrits de l’Imam Abdessalam YASSINE », traduit de l’arabe par : Jaouad MUFTISADA

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