Justice et Dieu
L’innéité gémit et aspire sciemment ou inconsciemment à Dieu. Elle se manifeste au niveau spirituel en Occident. Là, les problèmes de la vie matérielle et de la justice sociale ont été résolus plus ou moins au coût pour l’homme que l’on sait. Chez nous, pays sous-développés, l’innéité se manifeste comme réclamation de l’égalité et de la liberté, comme réclamation de justice et d’équité, car ils sont ancrés dans la nature innée de l’homme, les besoins d’être libre et égal à tous. Les Eglises chrétiennes trouvent beaucoup de difficultés à greffer sur le tronc d’une religion qui a longtemps servi les Césars féodaux et bourgeois le greffon de la justice sociale que la vieille charité chrétienne ne suffit pas à assurer. Des évêques se font progressistes et font la cour à Marx. Après la mort des idéologies, l’accointance des deux Eglises mettra peut-être au monde une idéologie de synthèse qui accompagnera l’Occident dans sa chute.
Dieu et justice. Plutôt justice et Dieu. Car sans justice l’homme est indisponible à penser à autre chose qu’à sa misère. Le Prophète dit1 : « Pauvreté est synonyme, presque, d’infidélité à Dieu. »
Il est de faux appels à Dieu que les charlatans de tous les temps et de toutes les civilisations ont lancés pour exploiter la religiosité naturelle de l’homme et masquer les intrigues des malins puissants et riches. Les appareils de propagande de l’Etat dans les pays musulmans sous les régimes de nécessité actuels chantent la gloire de Dieu au nom des princes de l’heure. Ils participent largement à créer l’atmosphère de mensonge qui enveloppe l’injustice et l’arbitraire à cause desquels s’élève la contestation indistinctement de Dieu et du désordre. Les hommes d’Appel, qui sont chargés, d’obligation coranique, de tenir la tête au désordre en témoins du vrai doivent apprendre comment les sentiments du peuple ont été trompés. Comment la désaffection à l’égard de l’Islam a trouvé des arguments irréfutables dans les abus des gérants du désordre secondés par les faux témoins. La vie du Prophète et l’exemple de son combat doivent être repris et médités pour servir de mesure et de modèle. La pédagogie divine a pour moniteurs les Prophètes de Dieu qui sont en même temps la norme de conduite, la manifestation d’amour et les initiateurs à la sagesse.
1 L’authenticité de ce hadih est controversée. On l’attribue tantôt au Prophète, tantôt à Ali.
La révolution à l’heure de l’Islam p110-111