Les armes de la modernité

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Le culte de l’argent lança une dynamique qui découpa d’abord les sociétés européennes pour ensuite s’attaquer au monde et le découper en empires coloniaux. Des stratèges, conquérants motivés par la gloire de leurs États-nations, s’attablèrent avec des géomètres avisés serviteurs de la science pour découper le monde au gré et à la convenance des puissances impérialistes.

Deux guerres

Deux guerres mondiales en ce vingtième siècle montrèrent la dimension effroyable et la force destructrice que peut engendrer la modernité. Incapables de partager entre elles les dépouilles des peuples colonisables, les nations européennes modernes en vinrent à sacrifier des générations entières sur l’autel de la concurrence sauvage entre des impérialismes belliqueux se faisant la course à qui inventera des machines de mort plus performantes.

La guerre hitlérienne qui mit le monde entier à feu et à sang pour conquérir un Lebensraum n’est que la manifestation décisive du progrès moderne fondé sur la raison et voué tout entier à l’efficacité. Les chars de Hitler, qui représentaient en leurs temps le summum de la technique, furent mis au service de la fureur enragée d’un idéologue forcené disposant de moyens modernes. Désormais le hitlérisme et l’apocalypse de la deuxième guerre mondiale figurent au premier rang du palmarès des grands fléaux dont a souffert l’humanité.

Les moyens rationnels d’organisation, d’invention, de fabrication et de stratégie militaire distinguent la guerre moderne du milieu du siècle des entreprises de type et d’époque napoléoniens où des pétards artisanaux préhistoriques distribuaient la mort à la petite semaine. La guerre hitlérienne n’est que la fille toute légitime de la guerre sauvage de 1914 : filiation atroce et processus infernal de la violence moderne, capitaliste, impérialiste et toute acquise au culte moderne de l’efficacité et du profit. Ces guerres ne sont que des éruptions momentanées d’un volcan qui “travaille” dans les entrailles de la société moderne et qui évacue ses laves brûlantes à plein-temps sur l’environnement naturel comme sur le vivant.

Trois armes

Trois armes constituent l’arsenal du modernisme-modernité : l’arme critique de l’idéologie moderniste, c’est préparer et promouvoir des alliés sûrs qui se mobiliseront sans réserve pour exécuter les mots d’ordre du maître, c’est propulser au pouvoir des commis aux ordres même si leurs slogans ont des résonances de patriotisme.

Ces agents, fidèles délégués à demeure et portant masque local, sont pires que l’envahisseur capitaliste ayant pignon sur rue et confortablement installé pour mettre votre économie à sac. L’arme militaire et l’arme du capitalisme ne jouent que le rôle instrumental d’une invasion civilisationnelle : c’est la guerre totale. l’arme capitaliste qui adore le dieu profit et, pour la bonne mesure, l’arme tout court pour frayer le chemin au capitalisme et aux idées qui le fondent.

La critique idéologique, l’arme qui est de loin la plus dangereuse, s’attaque à tout ce qui est ancien, décrété archaïque et ne reposant que sur un irrationnel à rejeter comme frauduleux parce que recourant à une “révélation” ou à une décision “suprahumaine”. L’islam est donc visé directement par le modernisme, car s’appuyant sur un révélé sacré et parce que les Envoyés de Dieu -que soit loué Dieu- sont sa référence.

Parler de “surhumain” pour qualifier le divin, c’est procéder à une rupture de niveau anthropomorphique, c’est rabaisser le sacré au niveau de l’humain en lui concédant seulement un degré de supériorité. Le qualificatif “suprahumain” n’est pas seulement une construction linguistique mais l’expression de toute une idéologie puant ses origines paganistes qui remontent aux croyances en un Olympe peuplé de “divinités” et de “surhumains” frayant avec les humains et partageant avec eux passions, us et coutumes.

L’arme critique de l’idéologie moderniste taraude et vrille dans l’esprit de ceux de nos compatriotes que la laïcisation méthodique, par assaut culturel, a complètement ou partiellement aliénés. La propagande actuelle contre l’Islam-civilisation et contre l’islam-conviction et foi n’aurait, à nos yeux, aucune signification historique si la diffamation n’était sous-tendue et alimentée par le doute, la zizanie et la mécréance que le modernisme a semés dans les esprits.

Clouer au pilori n’a jamais tué des idées et ne pourra jamais extraire la foi des cœurs et la conviction des esprits. Mais rééduquer les gens et saccager leurs âmes en y instillant et distillant le doute et en qualifiant le révélé de fraude et de mensonge, c’est saper les bases mêmes d’une personnalité, c’est dévaster et ravager beaucoup plus traîtreusement que ne pourraient le faire pillage économique et invasion militaire. Dresser des générations à quêter leur pitance intellectuelle et leur consommation culturelle chez le maître à penser, maître sacré par vertu de modernité, c’est préparer et promouvoir des alliés sûrs qui se mobiliseront sans réserve pour exécuter les mots d’ordre du maître, c’est propulser au pouvoir des commis aux ordres même si leurs slogans ont des résonances de patriotisme.

Ces agents, fidèles délégués à demeure et portant masque local, sont pires que l’envahisseur capitaliste ayant pignon sur rue et confortablement installé pour mettre votre économie à sac. L’arme militaire et l’arme du capitalisme ne jouent que le rôle instrumental d’une invasion civilisationnelle : c’est la guerre totale.

Islamiser la modernité p40 à 42

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